Les âmes bossales

long métrage documentaire de François Perlier
(Corpus Films; Thessaloniki 2024)


Un groupe d’une trentaine d’individus le corps couvert de mélasse noire et portant des cornes de bœuf sur la tête déboulent dans la rue principale. L’air menaçant, ils font claquer leurs fouets bruyamment, ils crient, ils provoquent les passants tout en buvant au goulot de leurs flasques. Sur le drapeau noir porté par l’un des leurs on peut lire : « Group maské absoluman bosal » (Groupe 100% bossale). Certains ont des boulets aupied, d’autres des chaînes brisées aux poignets. Six d’entre eux balancent un cercueil au bout d’une corde, courant d’avant en arrière : ils demandent l’aumône pour enterrer lemort. Cet étrange ballet se déploie à travers la ville, semant la zizanie sur son passage, parmi les cris des badauds effrayés et le rythme endiablé des sonos. La pluie se met àtomber a verse. Ils écartent la foule et se lancent dans une ronde folle autour du cercueil.Ils se roulent dans les flaques d’eau, glissent et tombent les uns sur les autres dans une euphorie incontrôlée.

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The Bossale Souls immerses us in the society and culture of Haiti, revealing its spiritual and revolutionary expression. The director introduces us to characters who champion a uniquely artistic and political identity. Despite a violent daily reality, their vision testifies to a fascinating resistance, forged through a long history upheaval and insubordination.  

 

Jean-Pierre Lambert, paysan, numéro d’écrou 14 448

documentaire d’Olivier Bauer


Jean-Pierre Lambert, paysan de 68 ans, vivait tranquillement dans sa petite ferme au cœur de la Sarthe jusqu'au jour où il a mis le feu à sa propre grange. Les gendarmes venaient tout juste d'emporter ses bêtes. Jean-Pierre Lambert avait trop de dettes. Dans la foulée, la justice l'a envoyé en maison d'arrêt. Victime comme tant d'autres de la PAC (Politique Agricole Commune), de ses aides aléatoires et des conflits entre syndicats agricoles, il s'était placé hors du système. Sorti de prison, mais toujours porté par un sentiment d'injustice, Jean-Pierre Lambert interroge notre rapport à nos campagnes et à notre agriculture.

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sur Télérama
 

 

Contre toute lumière

long métrage documentaire de Sylvain Beaulieu
(Corpus Films; SCAM/Brouillon d’un rêve)


“Clown, abattant dans la risée, dans le grotesque, dans l'esclaffement, le sens que contre toute lumière je m'étais fait de mon importance.”
A 26 ans, tandis que j’élevais seul ma fille de 5 ans, j'ai perdu la vue suite au déclenchement d’une maladie génétique. Le champ des possibles s'est alors rétracté à la mesure de la dévastation de mon champ visuel. Je percute les panneaux de circulation, je parle seul, j’embrasse la mauvaise personne. Je suis trompé par les miroirs, adepte des quiproquos, provocateur de dérapages mal contrôlés. Serai-je un clown sans masque ? Depuis que l'étiquette handicap me colle à la peau, je n’ai de cesse d’écarter mes barreaux. Contre toute lumière est un documentaire autobiographique qui invite à la dérision comme échappée belle.

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I was 26 years old when fog filled my eyes. Days after days, clouds massed until they formed some molasses that covered the world and fragilized my life. For 20 years, I was considered as an handicapped person but I am still trying to get free from this image. With this film, I share my story, with my opinion and self-deprecation.  



Les silencieuses

documentaire de Nicole Zeizig
(A perte de vue)


Elles n'ont pas d'enfant.Une minorité invisible qui vit dans une société où la maternité est un modèle.Les silencieuses, par la voix et par le geste, font entendre leur petite musique intérieure, sensible et dissonante.  

 

Images

2023


À l'image:
Les âmes bossales de François Perlier
Poitiers de Jérôme Reybaud
Vingt ans sans ferme de Céline Dréan et Jean-Jacques Rault Première année dehors, journal de bord de Valérie Manns Signe·s d'amantes d'Anna Feillou
Ablaze de kissdoomfate
Peculiar d'Emilio Belmonte
Les rescapés d’Émilie Lamoine
Contre toute lumière de Sylvain Beaulieu et Nicolas Contant
Haras de Claude Tétôt

Au son:
Intro de Toshiaki Tsushima (Battles Without Honor & Humanity de Kinji Fukasaku)
So may we start des Sparks (Annette de Leos Carax)
Nestor Almendros, Le Cinéma des cinéastes
Angkor Wat Theme de Michael Galasso (In the mood for love de Wong Kar-Wai)
Caroline Champetier, Les chemins de la philosophie
Jean-Luc Godard, Le Cinéma des cinéastes
Paul de Georges Delerue (Le mépris de Jean-Luc Godard)
Taibe Duet de Willem Breuker (The Palestinians de Johan Van Der Keuken)
Colette Magny, RTS
Les lis naissants de François Couperin (Poitiers de Jérôme Reybaud)
Pier Paolo Pasolini