Les âmes bossales

long métrage documentaire de François Perlier
(Corpus Films; Thessaloniki 2024)


Un groupe d’une trentaine d’individus le corps couvert de mélasse noire et portant des cornes de bœuf sur la tête déboulent dans la rue principale. L’air menaçant, ils font claquer leurs fouets bruyamment, ils crient, ils provoquent les passants tout en buvant au goulot de leurs flasques. Sur le drapeau noir porté par l’un des leurs on peut lire : « Group maské absoluman bosal » (Groupe 100% bossale). Certains ont des boulets aupied, d’autres des chaînes brisées aux poignets. Six d’entre eux balancent un cercueil au bout d’une corde, courant d’avant en arrière : ils demandent l’aumône pour enterrer lemort. Cet étrange ballet se déploie à travers la ville, semant la zizanie sur son passage, parmi les cris des badauds effrayés et le rythme endiablé des sonos. La pluie se met àtomber a verse. Ils écartent la foule et se lancent dans une ronde folle autour du cercueil.Ils se roulent dans les flaques d’eau, glissent et tombent les uns sur les autres dans une euphorie incontrôlée.

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The Bossale Souls immerses us in the society and culture of Haiti, revealing its spiritual and revolutionary expression. The director introduces us to characters who champion a uniquely artistic and political identity. Despite a violent daily reality, their vision testifies to a fascinating resistance, forged through a long history upheaval and insubordination.